Un paysage surgi du sol
Le site concerné est implanté au cœur du centre historique de Soignies, à deux pas d’une imposante collégiale datant du XIIème siècle, qui domine la ville et les campagnes alentour. Fortement attachée à ses traditions populaires et sa socio-économie s’articulant essentiellement autour de la pierre bleue, la ville de Soignies a conservé une identité locale forte malgré la proximité de la capitale européenne.
L’espace public comme matrice
Comme tapi sur la place Van Zeeland, le bâtiment est conçu en continuité avec l’espace public qui l’entoure, lequel s’immisce à l’intérieur par les multiples entrées disposées autour du bâtiment. Son emprise au sol est réduite afin de dégager une nouvelle place publique sur son flanc Est. Cette place apparaît comme un foyer extérieur. Elle s’inscrit naturellement dans le dessin des rues, ruelles et places héritées de l’époque médiévale.
Le projet est habillé de croûtes de pierre brute, et ses formes évoquent un étrange rocher surgi du sol, racontant le lien originel de la ville avec sa pierre. Les espaces intérieurs prolongent cette logique sculpturale, pondérée dans la salle par les ambitions d’un outil à haut niveau d’exigence, permettant d’envisager pour la ville une politique culturelle à l’échelle régionale.
Les foyers intérieurs de la salle, entièrement vitrés, s’étirent le long des façades et transforment ce qui devait être une boîte fermée en lieu ouvert qui illumine la ville le soir venu.
Le théâtre est dans la rue
La proposition déborde de son ambition première, qui est la construction d’une salle de spectacle à vocation polyvalente, pour prendre la mesure de son intégration dans ce contexte dense et fortement typé. Le projet présente, dans sa morphologie, les deux versants d’une dynamique culturelle: culture institutionnelle (la salle intérieure) et culture populaire (les déambulatoires et gradins extérieurs, supports aux fêtes de rue, manifestations diverses ou simplement déambulations piétonnes).
Ce faisant, le bâtiment évite la logique de la boîte fermée et propose une interprétation très urbaine de la notion de spectacle, en permettant à la salle de rayonner largement sur son environnement, et au public d’opérer une appropriation du bâtiment sur des modes multiples et ludiques, même lorsque celui-ci est fermé.
Une petite grande Salle
La salle, prise dans un écrin de lumière, renvoie l’obscurité propice au spectacle grâce à ses boiseries sombres, également correcteurs acoustiques. La surface scénique est étendue jusqu’à la moitié de la surface totale, permettant les spectacles de danse et de théâtre ambitieux. Les gradins télescopiques garantissent une souplesse d’utilisation de 400 places assises à 600 places debout suivant le type d’événement. La galerie supérieure, haut perchée, de même que la courbe de visibilité des gradins, invite à une plongée dans l’espace de la scène.