Posted date
11.09.2017

En septembre l'escaut accueille en résidence Le Groupe Sanguin et Elsa Chêne

Les deux compagnies en résidence à l’escaut en septembre sont fortuitement liées par un lieu commun : « la mer ».
Au travers leurs pratiques et processus dramaturgiques respectifs, les deux compagnies l’explorent comme lieu d’ « entre-deux », territoire incertain.

 

AU R+3 : Le Groupe Sanguin travaille sur Mare Nostrum

Le Groupe Sanguin est un collectif théâtral belge qui envisage ses créations de manière collective à tous les niveaux. Il travaille des textes non-théâtraux d'auteurs belges, expérimente un travail sonore, développe ses créations en version bilingue; français et néerlandais. Après ses deux premières créations : Sanguine de Caroline Lamarche et Plot your City de Paul Pourveur, il entreprend aujourd'hui sa troisième création à partir de la nouvelle d'Aïko Solovkine intitulée Mare Nostrum. 

“Ce texte nous semble particulièrement urgent à monter à la scène. Basé sur un fait réel: le naufrage, dissimulé par des pêcheurs siciliens, d’un bateau de migrants au large de Portopalo en 1996, qui a fait 283 victimes, cette non-fiction remet en question notre perception du bien et du mal.”

​"En tant que collectif, nous cherchons à pousser le spectateur à se questionner sur son environnement, sur le monde qui l’entoure. Avec Mare Nostrum, nous voulons parler de l’individualisme et de l’individualité au sein d’une communauté renfermée. A travers ce drame, nous souhaitons analyser une situation, décortiquer un mécanisme du crime commis ensemble, et découvrir comment il remet en question ce que nous croyons savoir de nous-mêmes.”

Le Groupe Sanguin avait residé à l’escaut en 2014 et 2015 lors du développement de leur projet Plot Your City (Babel et Panoptic City) qui explorait deux cités imaginées par le dramaturge belge Paul Pourveur.

Le collectif cohabitera l’escaut à nouveau pour quelques semaines en septembre dans le cadre de leur nouvelle création Mare Nostrum. Cette période de résidence s’agira d’un premier laboratoire et aboutira à un échange avec l’équipe lors d’une rencontre avec l’auteure Aïko Solovkine en Octobre.

Mare Nostrum sera présenté au cours de 10 représentation au Théâtre de la vie en janvier 2019. (www.theatredelavie.be)

« En montant sur le bateau, c’est à peine si on se regarde, qu’on ose y faire allusion entre nous, comme si en parler allait les faire réapparaître ou en charrier de nouveaux. Chacun à son ouvrage, silencieux, plus que d’habitude, attentif et d’avantage. Aux aguets.» (p.9) 

www.legroupesanguin.be

 

AU R0 : Elsa Chêne travaille sur MUR/MER

La metteure en scène Elsa CHÊNE est née en 1988 au Mans. Après un Bac Théâtre, elle se forme comme comédienne auprès de metteurs en scène tels que Claude Esnault ou encore Nadia Xerri­L. Elle suit des études littéraires et théâtrales à l'Université de Nantes, la Freie Universität Berlin puis obtient un Master à la Sorbonne Paris 3. En 2012, elle met en scène le spectacle Pilotprojekt, joué lors du festival de la jeune création à la HAU de Berlin. La même année, elle intègre l'INSAS en section Mise en Scène, où, en parallèle des séminaires proposés, elle co­réalise avec Jennifer Cousin les court-métrages Encadrés et Caïman Insoluble. Elle interprète également Gretel dans le court­métrage Carré sauvage de Francisco Javier Rodriguez et tient le rôle de Judith dans Perplexe mis en scène par Jennifer Cousin aux Riches-Claires en 2015. Elle crée ensuite La Note bleue, courte pièce autour de l'intimité collective, avant de présenter la pièce contemporaine Violet de Jon Fosse lors du festival OUTSAS. Elle sort diplômée de l'INSAS en 2016. Sélectionnée par le CAS pour le Festival Courants 2017, elle y présente la première partie d'Orphelins en avril dernier. Actuellement en résidence à l'Aréa 42, elle y répète sa prochaine création MUR/MER, performance collaborative autour de la plage comme lieu.

 

L’équipe de MUR/MER est composée de :

Magrit COULIN: Assistante

Gwen LAROCHE : Lumières & Vidéo

Jennifer COUSIN : Création sonore

Romain PIGNEUL: Assistant Son

Simon LOISEAU : Accessoires scénographiques

Estelle BIBBO : Costumes

 

MUR/MER: performance de plage sans paysage

En visitant l'espace industriel de Planet Park, Elsa a rêvé une plage sans sable, sans ciel, sans mer.

“Je me suis demandée ce que serait une plage sans paysage, sans la contemplation de l'infini, celui de la mer qui est face à nous et vers laquelle nous allons, marée humaine, d'un même élan.”

Que serait une plage où la MER aurait été remplacée par un MUR?

“J'ai pensé aux plages artificielles photographiées par Martin Paar. Plages bondées où les gens contemplent une mer dont le bleu dégradé est un effet de trompe-l'oeil, où l'horizon est dessiné sur un mur au lointain. Pourquoi sont-elles autant fréquentées? Que viennent chercher ces faux vacanciers? Jusqu'où va l'illusion? Oublient-ils l'artifice?”

Elsa, troublée par l'ambivalence de ces images qui lui procurent à la fois un étonnement rieur, de l'amour pour cet absurde humain ainsi qu’ un sentiment d'étrangeté, si ce n'est d'inquiétude, se questionne sur l’expérience que nous pourrions en faire, et avec quelle distance..

 

Espace vide et territoires éphémères

Loin de chercher à reproduire la plage artificielle et tout son décor, Elsa choisit au contraire d'enlever dans un premier temps toute scénographie au plateau. En partant d'un espace vide (au fond duquel il y aura un mur éclairé ou un écran), elle cherche à construire l'espace de la plage au rythme des vacanciers qui arrivent pour s'y installer. Ce sont les serviettes et les accessoires amenés et déposés par eux qui dessinent successivement plusieurs types de plages. C'est ainsi qu'apparaissent les territoires éphémères de l'estran.

Souvenirs du paysage

Dos au public, tous tournés en direction de ce mur, les performers adoptent des attitudes codifiées. Certains enlèvent le sable collé à leurs chevilles ou jouent aux raquettes tandis que d'autres courrent et s'élancent vers la mer. Mais la mer a été remplacée par un mur. Ils stagnent donc devant, comme s'il se passait quelque chose d'étrange à son approche. Se baignent-ils? Se souviennent-ils de la mer? De ce que cela fait de nager? Et en direction de quoi regardent les autres, ceux qui sont assis sur leur serviette?

La violence en pointillés

Au fur et à mesure, nous nous trouverons peut-être sur une "plage après la plage". Dans un espace clos où on continue à adopter une attitude-réflexe: les mouvements inadaptés évoquant la reproduction de gestes appris qui n'ont plus lieu d'être. L'étrangeté gagne du terrain. La plage devient plus hostile.

“L'idée serait de jouer avec différentes connotations de la plage. En apposant à la plage idéale - la carte postale - des visions éphémères plus violentes. Par exemple, le rapatriement de noyés (l'arrivée de migrants, En Espagne récemment), le débarquement de 44 en Normandie, les détonations de feux d'artifice qui ressemblent à des bombardements.”