« Mes meilleurs amis sont-ils loyaux envers moi ? Et si oui, de quel moi s’agit-il? » A travers l’amitié, l’effet de groupe, de bande, SOFTNESS questionne une génération de l’intérieur. L’amitié, vu comme le lieu de la sincérité extrême de l’humain, s’effondre. Dernier pilier fondateur pour les protagonistes, cette lutte déconstruit toutes leurs croyances. Créé à partir des souvenirs et des expériences réelles vécues par le groupe de création, le spectacle tente une photographie instantanée, un auto-portrait - un selfie - sur la recherche de sincérité de l’être dans un monde où règne le paraître. Sorte d’espace thérapeutique, la scène devient le lieu de l’intimité et de l’exhibition. S’inspirant des codes du show, de plateaux télévisés, ou encore des battles de danses, de rap, des défilés de haute couture, c’est le règlement de comptes et sa performance qui exhortent les protagonistes. A l’instar du théâtre-forum d’Augusto Boal, ici, ce ne sont plus les spectacteurs qui interviennent, mais les acteurs qui demandent de juger leur performance. Shootés à la valorisation de soi, à la surexposition de l’ego, les trois amis font de l’audience, les followers du show , les protagonistes inévitables de leur recherche de réconciliation.
Conscients de faire partie de cette classe sociale jeune et cool, bobos ou encore artistes, souscrite au système et à ce mode de vie et de communication,
nous nous interrogeons sur les phénomènes propres à ce milieu. Critique acerbe de la dictature du paraître, de l’exhibition marchande et du culte de la performance, SOFTNESS dénonce la nocivité de ces phénomènes et leur intégration dans la vie sociale. C’est donc bien le paradoxe qui sous-tend la pièce de théâtre : la critique d’un monde de bobos auquel l’ensemble du groupe appartient, où l’individu, le moi prime sur le collectif. Mais à travers le spectacle, c’est aussi la révolte d’un groupe qui s’insurge contre les dictats d’un système néolibéral, par la croyance, presqu’utopique, d’une force de subversion