Simon Ruaut et Valérie Vogt

bassin dormant - bassin versant

 

pour exister l’eau est un passage(1)
les émotions nous partagent (2)
 
Ce que nous sommes tous en partage — nous : le vivant dans son ensemble — c’est l’eau.
Par le biais d’un déplacement métaphorique, nous imaginons quant à nous deux qu’il est possible de
renouveler la perception et la participation à l’espace public, afin que cet espace puisse se déployer en milieu
public, dans sa pleine dimension d’écosystème.
Il pleut. Par le simple fait de la gravité, l’eau fait son parcours : du point le plus haut (c’est la ligne de crête)
vers le point le plus bas où elle converge en ruisseau, rivière, fleuve, lac, mer, océan (c’est l’exutoire). Cette
zone géographique est appellée bassin versant.
Chaque bassin versant est unique, et la complexe intrication de tous les éléments qui le constituent (taille,
forme, orientation, densité du réseau hydrographique, relief, géologie, climat, activités humaines qui s’y
inscrivent) influence la qualité des cours d’eau qui le traversent. Cette interdépendance est bien évocatrice
du fragile tissu de relations que nouent entre elles les collectivités humaines — mais aussi le vivant dans son
ensemble. C’est ce tissu qui pour nous deux forme l’espace public, le milieu public : un écosystème.
En travaillant sur ce projet, nous avons très souvent parlé de bassin dormant plutôt que de bassin versant. Mais
cette petite différence opérée par ce lapsus entre le bassin versant et le bassin dormant, entre ce « plus
théorique » et ce « plus poétique », introduit une bascule, du mouvement.
Imaginez Bruxelles dans son ensemble comme un bassin versant qui modèlerait et façonnerait le vivant — en
réalité, Bruxelles est constitué de quatre bassins versants : ceux de la Woluwe, du Maelbeek, du Molenbeek, et
de la Senne (dont le parcours finit par se confondre avec celui du canal). Ce serait alors, dans cette économie
métaphorique du bassin versant, ce vivant qui formerait un réseau complexe, semblable à un réseau
hydrographique.
 

Chacun participe de (et à) l’économie de ce bassin dormant - bassin versant : le pissenlit qui pousse dans un

interstice de trottoir, le merle météorologue et qui par son chant articule le lever et le coucher des autres

oiseaux, les humains qui établissent leur séjour : chacun en est un affluent, et donc un « influent ». Et dans ce

réseau d’interdépendances se dessine une autre cartographie de l’habitabilité, une autre charte relationnelle, à

laquelle nous participons tous. Et cela que nous y soyons acteur, témoin ou passant.

Cet été, 200 affiches s’inscriront dans le paysage des rues de Bruxelles. Par le biais d’un QRcode (une sorte de

regard), vous pourrez avoir accès à une trame virtuelle, « souterraine », constituée de capsules vidéo, de textes,

d’enregistrements sonores. Ils seront issus des rencontres auxquelles, du 6 juin au 1er juillet 2022, à l’Escaut,

nous vous invitons, et où nous recueillerons les récits de vos pratiques diverses de l’espace/milieu public (récits

théoriques, concrets, poétiques, activistes…), mais aussi ce que vous nous direz de votre relation à l’eau.

 

1 Laura Vazquez (2022). Quelque chose de surnaturel, Trois. In Vous êtes de moins en moins réels. Anthologie

2014-2021. Paris : Points Poésie.

2 Georges Didi-Huberman (2022). Le témoin jusqu’au bout. Paris : Les Editions de Minuit.

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Binnenkort

bassin dormant - bassin versant

 

to exist water is a passage(1)

emotions share us (2)

 

What we all share - we: the living as a whole - is water.

By means of a metaphorical displacement, we both imagine that it is possible to

that it is possible to renew the perception of and participation in public space, so that this space can be deployed in a public environment, in its full dimension of

public space, in its full ecosystem dimension.

It is raining. By the simple fact of gravity, the water makes its way: from the highest point (the ridge line)

to the lowest point where it converges into a stream, river, lake, sea or ocean (this is the outlet). This

This geographical area is called a watershed.

Each catchment area is unique, and the complex interplay of all its components (size, shape, orientation, density of the water system, etc.) makes it unique,

(size, shape, orientation, density of the river system, relief, geology, climate, human activities within it) influences the quality of the rivers and streams.

This interdependence is well illustrated by the fact that the watercourses that flow through it are all interdependent. This interdependence is indicative of

This interdependence is indicative of the fragile web of relationships that human communities - but also living organisms as a whole - form between themselves.

as a whole. It is this web that for us both forms the public space, the public environment: an ecosystem.

In working on this project, we have very often spoken of a dormant basin rather than a watershed. But

But this little difference made by this slip of the tongue between the watershed and the sleeping pond, between this "more theoretical" and this "more poetic", is a

But this small difference between the watershed and the sleeping basin, between this 'more theoretical' and this 'more poetic', introduces a shift, a movement.

Imagine Brussels as a whole as a watershed that shapes and forms the living - in reality, Brussels is made up of four watersheds.

In reality, Brussels is made up of four watersheds: the Woluwe, the Maelbeek, the Molenbeek, and the Senne (whose course is the same as the Woluwe).

the Senne (whose course eventually merges with that of the canal). It would then be, in this metaphorical economy of the

metaphorical economy of the watershed, this living thing would form a complex network, similar to a

hydrographic network.

 

Everyone participates in (and to) the economy of this dormant basin - watershed: the dandelion that grows in a gap in the pavement, the weather blackbird whose song articulates the rising and setting of the others.

the dandelion that grows in a pavement gap, the weather blackbird whose song articulates the rising and setting of the other birds, the humans who establish their

birds, the humans who establish their stay: each one is a tributary, and therefore an "influencer". And in this

network of interdependencies, another cartography of habitability takes shape, another relational charter, in which we all participate.

in which we all participate. And this whether we are an actor, a witness or a passer-by.

This summer, 200 posters will be displayed on the streets of Brussels. By means of a QRcode (a kind of

(a kind of eye-catcher), you can access a virtual, 'underground' storyline made up of video clips, texts

and sound recordings. They will be the result of the meetings to which we invite you from 6 June to 1 July 2022 at the Scheldt,

and where we will collect the stories of your various practices of the public space/environment (theoretical, concrete, poetic

(theoretical, concrete, poetic, activist accounts...), but also what you tell us about your relationship to water.

 

1 Laura Vazquez (2022). Something supernatural, Three. In You are less and less real. Anthology

2014-2021. Paris: Points Poésie.

2 Georges Didi-Huberman (2022). The witness to the end. Paris: Les Editions de Minuit.

 
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