La pratique de Pierre-Alain Poirier est constituée de différents médiums et modes d’expression qui vont de l’écriture à la photographie, en passant par le dessin ou encore la sculpture. Au départ, il y a souvent l’envie de faire surgir des personnages : Celui qui a vécu une rupture amoureuse (Des larmes de crocodile), celle qui est malade (L’après-midi des oies) ou plus récemment, Manu (Le doigt dans la bouche). Sans parler d’un “art romanesque”, il s’agit de s’en servir comme d’un embrayeur, mais aussi et surtout de mêler vécu personnel, fiction et histoire de l’art. S’il réalise des mobiliers, c’est qu’ils lui permettent non seulement d’interroger leur fonctionnalité mais aussi de créer des espaces intimes. Les lits, tout comme les repose-têtes, supportent des corps possibles mais deviennent aussi supports à accessoires, récits et à rêves. Peut-être constituent-ils des scènes évidées formées “d’objets sculptures” en attente d’être réactivés comme ses ocarinas. Référence lointaine à des artistes qu’il affectionne comme Guy de Cointet. Ses éditions sont à tirage unique, c’est que celles-ci, bien qu’elles contiennent un texte font corps avec le dispositif. Pierre-Alain veut créer “des indices/ énigmes” et que le spectateur rentre dans ce jeu de piste fait d’échos textuels et formels. S’il montre des séries comme “les vestes pour”, “les fleurs” et “les repose-têtes” constitués de médicaments, c’est qu’elles sont pour lui une manière d’accompagner les jours,de les collectionner. Ainsi, pour la première série, il cache un livre qui l’a touché dans la doublure d’une de ses vestes. Parfois une doublure est ajoutée. Il cherche le geste minimum mais le plus juste possible. Par cela, il mêle Jean Genet, d’une part, et son “journal d’un voleur” à une anecdote: sa grand mère cousant des poches pour permettre à son oncle de voler des livres et, de l’autre, à Yves Klein qui, dit on, cachait une petite peinture dans la poche intérieure d’une de ses vestes. “Les cheveux mauves” “Pour ma résidence à l’Escaut Architectures, il y avait dès le départ l’envie de mettre en danger mon travail, de le confronter à quelque chose de nouveau. C’est pourquoi j’ai décidé d’inviter le jeune chorégraphe Antonin Rioche à partir de pièces préexistantes ou nouvelles comme l’édition “les cheveux mauves” par exemple , à venir ré-habiter mon travail. C’était pour moi l’envie de redonner du corps à un espace exposition, mais aussi d’observer les frottements qui s’opèrent entre lieu de monstration et scène, décor et sculpture mais aussi écriture plastique et dramaturgie . Faire réaliser sur mesure deux chaussures pieds gauches (chaussures pour Antonin) et les faire porter à Antonin c’est évidement “ un cadeau empoisonné” pour un danseur mais qui reste plus qu’un simple partage puisque seul Antonin peut les porter. Souvent mes pièces comme les ocarinas contiennent en elles ce potentiel, qu’Antonin ici, pouvait choisir d’activer ou non. Notre collaboration s’est donc construite sur ce partage entre symétrie et di-symétrie. De cela est née une performance “ je me cogne partout”, qui bien qu’elle ait son autonomie propre est à comprendre comme une partie de l’exposition, une “sur-pièce”, ou peut-être comme pour l’édition des cheveux mauves, une mise en abîme, entre indices, reflets et fiction.”
JE ME COGNE PARTOUT
“Pour ma résidence à l’Escaut Architectures, il y avait dès le départ l’envie de mettre en danger mon travail, de le confronter à quelque chose de nouveau. C’est pourquoi j’ai décidé d’inviter le jeune chorégraphe Antonin Rioche à partir de pièces préexistantes ou nouvelles comme l’édition “les cheveux mauves” par exemple , à venir ré-habiter mon travail. C’était pour moi l’envie de redonner du corps à un espace exposition, mais aussi d’observer les frottements qui s’opèrent entre lieu de monstration et scène, décor et sculpture mais aussi écriture plastique et dramaturgie . Faire réaliser sur mesure deux chaussures pieds gauches (chaussures pour Antonin) et les faire porter à Antonin c’est évidement “ un cadeau empoisonné” pour un danseur mais qui reste plus qu’un simple partage puisque seul Antonin peut les porter. Souvent mes pièces comme les ocarinas contiennent en elles ce potentiel, qu’Antonin ici, pouvait choisir d’activer ou non. Notre collaboration s’est donc construite sur ce partage entre symétrie et di-symétrie. De cela est née une performance “ je me cogne partout”, qui bien qu’elle ait son autonomie propre est à comprendre comme une partie de l’exposition, une “sur-pièce”, ou peut-être comme pour l’édition des cheveux mauves, une mise en abîme, entre indices, reflets et fiction.”