Benjamin Installé (Bruxelles, 1990) développe une pratique du tableau et de l’installation en explorant les relations qu’entretiennent la peinture, ses puissantes propriétés sensorielles et les différentes formes du tableau en tant que support structurant. Ses recherches l'ont amené à créer des dispositifs spatiaux au sein desquels s’articulent motifs peints et constructions architectoniques, suivant leurs propriétés expressives et hiérarchiques respectives.
Oscillant entre figuration et abstraction, les motifs choisis proviennent indifféremment de la littérature, de documents historiques, de l'histoire de l'art ou sont issus d'un répertoire de signes inventés par l'artiste et augmenté à chaque exposition. À la pluralité des sujets représentés correspondent des matériaux et techniques employés pour leur histoire, le contexte et les usages auxquels ils peuvent être assimilés. Ainsi sgraffite, fresque, gravure ou encaustique sont utilisés pour leur provenance, leur tactilité et leur force expressive, en rapport avec des sujets a priori hétérogènes, dans le but de créer un trouble perceptif chez le spectateur.
Ces exercices de peinture en soi, avec ce qu’ils impliquent d’investissement sensuel par les moyens picturaux, ne peuvent se déployer chez Benjamin qu’en combinaison avec un travail de construction qui dépendra, au cas par cas et à chaque nouvelle invitation, d’un ensemble de paramètres relatifs au contexte de production et de monstration du travail : qualités spatiales du lieu d’exposition, développement d’une relation entre l’artiste et ses partenaires, inscription du lieu d’invitation dans le contexte social, économique, etc.
En guidant sa pratique suivant ces deux principes complémentaires de formation (stratégies d’images volatiles, surdétermination de références historiques) et de construction (conditions structurantes déterminées par la perception par l’artiste de son environnement), Benjamin Installé poursuit son travail sans lui attribuer d’horizon téléologique déterminé ; l’enjeu est de produire un moment esthétique, même bref, confondant les mécanismes perceptifs permettant l’identification, et par suite, de maintenir l’ambiguïté ontologique nécessaire à la valeur esthétique, cognitive et politique de l’expérience des oeuvres.
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