Anna Guilló, « Je n’irai pas boire du Spritz à Venise »
Dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 périssaient en mer près de 800 personnes embarquées à bord d’un vieux chalutier entre les côtes libyennes et l’île de Lampedusa. Le bateau fut ensuite remonté à la surface pour que les cadavres soient identifiés et puissent recevoir une sépulture digne. Aujourd’hui, cette épave est exposée à l’Arsenal de la Biennale de Venise et présentée comme une œuvre de Christoph Büchel sous le titre de Barca Nostra. Les visiteurs aiment prendre des selfies devant ce monstre de métal éventré avant d’aller déguster un Spritz à la terrasse du café situé juste en face. Cette discussion s’articulera autour de l’hypothèse que l’art pseudo-engagé ne peut, par essence, être politique.
Lucile Bertrand, projection de « amnesia » (52mn)
En 12 séquences et 12 langues, amnesia (sous-titré en français) rend hommage aux poètes et écrivains qui préservent la mémoire vive de ce que certains tentent de faire oublier ou même de nier. Afin d’évoquer au plus juste le souvenir de certains conflits en cours de cicatrisation ou toujours ouverts – au Rwanda, en Grèce, Turquie, Cambodge, Syrie, Russie, Afrique du Sud, ex-Yougoslavie, chez les Indiens d’Amérique et lors de la catastrophe nucléaire au Japon –, sur un même écran (en split screen), d’un côté une succession de narrateurs disent ou lisent des extraits de textes contemporains, de l’autre, une danseuse-témoin écoute et réagit.
Bruno Goosse, « De Waterloo à Tervuren, l'effet du classement »
Vingt kilomètres d’une route quasi rectiligne relient le champ de la bataille de Waterloo et l’Africa museum de Tervuren. En Belgique, la patrimonialisation par la procédure du classement s’est initiée en 1914 par la loi de préservation du champ de bataille, dix ans après l’inauguration du musée colonial du Congo Belge. En 1985, ce bâtiment construit par Charles Girault à la demande de Léopold II est à son tour classé. La patrimonialisation d'un site ou d'un bâtiment tend à le décontextualiser, produisant un arrachement au politique, à la critique. C’est ce chemin reliant les deux lieux que nous nous proposons de parcourir et d’interroger.
Katrin Gattinger, « Quand le fil barbelé persiste dans le mobilier urbain »
Le mobilier urbain, qui occupe l’espace publique sous de multiples formes, contrôle nos comportements et reflète les injonctions politiques, économiques et sécuritaires. Katrin Gattinger propose d'en soulever quelques logiques internes et des pratiques artistiques qui s'y frottent, et présentera - en lien avec ces enjeux - son propre travail de sculpture et d'installation.
Crédit image © Anna Guilló