Juste un mouvement, par Margaux Baert
De début février à fin mars j’ai eu le plaisir d’être accueillie par la chorégraphe Tara D’Arquian durant ses répétitions à l’Escaut afin de réaliser des croquis. Cela faisait longtemps que je souhaitais dessiner une danseuse en train de travailler. Mes modèles lors de séances de dessins rapides étant toujours plus au moins fixes, dessiner à partir d’un corps directement en mouvement était pour moi un nouveau challenge, une manière d’aborder le dessin avec un autre regard.
Ce fut également l’occasion d’échanger avec une chorégraphe, de confronter nos pratiques respectives et d’établir des dialogues entre le mouvement et le trait.
Au fil de nos séances, l’acte d’observer commença à prendre pour moi une dimension nouvelle. J’avais la sensation de devenir témoin actif du mouvement, cherchant à traduire à travers pinceaux et encre noire une émotion communiquée par la danse.
En observant les dessins terminés nous avions l’impression de déceler une volonté de saisir une forme de temporalité, de saisir ce qui nous est profondément donné à voir à un instant T; une succession de souffles bruts, abstraits qui nous emmènent dans le cosmos. La volonté nerveuse de saisir le mouvement dans son extrême essence.
Et par moments la courbure d’un pied, la tension du dos, l’élongation d’un bras, l’ouverture d’une main, nous rappellent à la terre, à l’ici et maintenant.
Le mouvement nous invite à une célébration de la vie et le trait nous renvoie à notre propre mortalité. Un trait de pinceau dialoguant avec un mouvement qui nous est offert à un moment précis…
Toujours en cours, cette exploration nouvelle ouvre de nouveaux champs d’action. Nos séances se poursuivront durant ma résidence d’artiste à L’escaut et je suis curieuse de voir où elle nous mèneront ! Merci Tara pour ce bel échange riche en réflexions et en émerveillements!
Binnenkort
From the beginning of February to the end of March I had the pleasure of being welcomed by the choreographer Tara D'Arquian during her rehearsals at L'Escaut in order to make some sketches. I had wanted to draw a dancer working for a long time. My models during quick drawing sessions were always more or less fixed, so drawing from a body in direct movement was a new challenge for me, a way of approaching drawing with a different eye.
It was also an opportunity to exchange with a choreographer, to confront our respective practices and to establish dialogues between movement and line.
As our sessions progressed, the act of observing began to take on a new dimension for me. I had the sensation of becoming an active witness of movement, trying to translate through brushes and black ink an emotion communicated by the dance.
Looking at the finished drawings we had the impression of detecting a will to capture a form of temporality, to capture what is deeply given to us to see at a moment T; a succession of raw, abstract breaths that take us into the cosmos. The nervous desire to capture movement in its extreme essence.
And at times the bend of a foot, the tension of the back, the stretch of an arm, the opening of a hand, remind us of the earth, of the here and now.
The movement invites us to a celebration of life and the stroke reminds us of our own mortality. A brushstroke in dialogue with a movement that is offered to us at a precise moment...
Still in progress, this new exploration opens new fields of action. Our sessions will continue during my artist residency at L'escaut and I am curious to see where it will lead us! Thank you Tara for this beautiful exchange rich in reflections and wonder!
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Croquis par Margaux Baert
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Croquis par Margaux Baert