Martin Faure

" L’Atelier impromptu commence par un parquet d’un autre âge en bois venu du Congo en Belgique, posé sur du goudron, dans un couvent aujourd’hui disparu… Toute une histoire émane déjà de ces carrés de vingt centimètres de côté, que Tara me fait découvrir dans la cave de la résidence. Je l’ai vécu comme un appel. Depuis de nombreuses années, je peins sur bois. La résidence m’offrit donc une nouvelle perspective artistique sur ce support.

J’ai commencé à peindre à l’huile chaque latte de parquet, de rouge, de bleu et de rose. Une composition abstraite géométrique se forme. Le geste répétitif devient une transe créative, je rêve dans les dédales de l’œuvre naissante et part en voyage. Je me mets à graver des dessins, des motifs, dans le rouge de chine, je peins des dorures sur le bleu de Prusse, et des gestes azurés au centre. Bientôt j’envisage cette œuvre, de douze carrés de côté, chiffre spirituel biblique, comme un hommage… Un parquet de 5m2 devient une peinture à l’huile, un tapis de bois, une scène, ou lieu de recueillement. Toutes ces notions se croisent ici. J’ai envie d’appeler cette œuvre « le refuge ». Des formes qui voyagent à travers l’écriture picturale si semblable à travers le monde et pourtant si singulière. Comme si un simple trait pouvait soudainement me projeter de l’Inde au Mexique. Ici à Molenbeek, l’Orient prend une place centrale et l’atelier s’ouvre sur des rencontres. Après la matière venue à moi, la vie vient à son tour, nous dansons la salsa et chantons en berbère.

 

J’ai d’abord voyagé solitaire en peignant « le refuge » des heures durant et au son de mon tambour, tout en élaborant l’exposition qui finit en apothéose d’énergie collective. Les œuvres suspendues par des fils sous les toits au milieu des musiciens avec « le refuge » au centre, le couscous familial du quartier dans la cuisine, la bulle peinte gonflable au rez-de-chaussée. Tout cela filmé en collaboration avec de jeunes cinéastes, pour créer dans cet environnement une œuvre vidéo…

Ce projet avait pour ambition d’élaborer dans un lieu d’exposition une façon nouvelle de communiquer avec l’art, en rendant le spectateur acteur de cet événement. Habiter un lieu et lui insuffler l’esprit de la création en commun pour vivre autrement l’échange avec les œuvres. Grace à une équipe volontaire et enthousiaste ainsi que des rencontres de cœur, ce projet fût à mes yeux un brillant succès. Mon désir est de prolonger cette forme d’exposition en prenant soin de retrouver cet esprit et continuer ainsi à partager l’art sous ces meilleurs auspices. Un travail minutieux et féerique quotidien pour chérir l’esprit artistique qui émane d’un lieu, d’une générosité présente."

www.martinfaure.com 

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Binnenkort

"L'Atelier impromptu begins with a wooden floor from another age, from the Congo in Belgium, laid on tar, in a convent that has now disappeared... A whole story already emanates from these squares measuring twenty centimetres on each side, which Tara shows me in the basement of the residence. I experienced it as a call. I have been painting on wood for many years. The residence offered me a new artistic perspective on this medium.

I started to paint each floorboard with oil, in red, blue and pink. A geometric abstract composition is formed. The repetitive gesture becomes a creative trance, I dream in the maze of the emerging work and go on a journey. I begin to engrave drawings, motifs, in the china red, I paint gilding on the Prussian blue, and azure gestures in the centre. Soon I envisage this work, twelve squares on a side, a biblical spiritual number, as a tribute... A 5m2 parquet floor becomes an oil painting, a wooden carpet, a scene, or a place of meditation. All these notions intersect here. I want to call this work "the refuge". Forms that travel through the pictorial writing that is so similar throughout the world and yet so singular. As if a simple line could suddenly take me from India to Mexico. Here in Molenbeek, the Orient takes centre stage and the workshop opens up to encounters with other cultures. meetings. After the material came to me, life came in its turn, we danced the salsa and sang in Berber.

 

 

At first I travelled alone, painting "the refuge" for hours on end to the sound of my drum, while putting together the exhibition, which ends in a collective energy apotheosis. The works hung by wires under the roofs among the musicians with "the refuge" in the centre, the family couscous in the kitchen, the inflatable painted bubble on the ground floor. All this was filmed in collaboration with young filmmakers, to create a video work in this environment...

The ambition of this project was to develop a new way of communicating with art in an exhibition space, by making the spectator an actor in this event. To live in a place and breathe into it the spirit of creation in common to experience the exchange with the works in a different way. Thanks to a willing and enthusiastic team as well as heartfelt encounters, this project was a brilliant success in my eyes. My desire is to prolong this form of exhibition by taking care to find this spirit and thus continue to share art under these best auspices. A meticulous and enchanting daily work to cherish the artistic spirit that emanates from a place, from a present generosity."

 

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